3ème AS
Composition du premier trimestre
Texte : Torture: ce que j'ai vu en Algérie
Ma première rencontre avec la torture au cours de la guerre d'Algérie fut en quelque sorte pédagogique. J'étais alors élève officier à l'école militaire de Cherchell, au titre de l'instruction militaire obligatoire qui obligeait les élèves des grandes écoles - pour moi, l'Ecole normale supérieure - à faire leur service comme aspirants officiers, puis comme sous-lieutenants. En février 1960, nous fûmes envoyés à Arzew, petite ville côtière à l'est d'Oran, pour un stage de formation à la guérilla, au tir instinctif, aux actions commando.
C'est durant un cours sur le renseignement que l'incroyable se produisit et que l'innommable fut nommé. L'officier instructeur, un capitaine dans mon souvenir, se lança tout bonnement dans une leçon sur la torture devant quelque 150 élèves officiers médusés. Il y fallait un local discret, en sous-sol de préférence, propre à étouffer les bruits. L'équipement pouvait être sommaire : un générateur de campagne couramment appelé "gégène", l'eau courante, quelques solides gourdins. Cela suffisait. Il s'adressait à des garçons intelligents, ils comprendraient...
Ma seconde rencontre avec la torture fut infiniment plus dramatique. A quelques semaines de là, je rejoignis l'unité à laquelle j'étais affecté sur un piton éloigné de tout, dans la montagne kabyle. A l'issue du repas d'accueil, on me demanda en guise de dessert si, comme dans " les Plaideurs ", je ne voulais pas " voir donner la question ". On interrogeait une vieille femme soupçonnée d'en savoir long. Je refusai avec horreur. …Le soir, je rejoignis ma chambre, il n'y avait pas d'électricité bien sûr, je trébuchai sur une masse informe. C'était, enveloppé dans des guenilles, le corps de la vieille femme que l'on avait abandonné là. Au matin, le cadavre avait disparu.
Je reviens aux crimes de l'armée française, ceux que nous avons commis. Directement ou indirectement, ils sont l'œuvre du pouvoir politique. Quand je demandais aux appelés pourquoi cette différence de comportement, tous me répondaient : dans le premier cas, on nous fait faire un sale boulot, c'est tout. Dans le second, on veut nous couper de la nation, de nos parents, de nos amis, de nos fiancées...
Voilà pourquoi je ne demande pas le jugement des militaires, même les plus compromis. Mais je demande fermement et sans hésitation que le pouvoir politique reconnaisse solennellement que c'est la France qui est responsable, que c'est elle qui a torturé en Algérie.
Jacques Julliard, "Le Nouvel Observateur", Paris.
[Semaine d u 14 décembre 2000, n°1884].
Questions
I/ Compréhension de l’écrit : (13 points)
1-Qui parle dans ce texte ? Quel rôle joue t-il par rapport aux faits relatés. Justifiez votre réponse.
2-De quoi L’énonciateur accuse t-il les politiciens de l’époque ?
3-Complétez le tableau suivant pour confirmer la pratique de la torture :
4-L’innommable fut nommé ». Cette proposition renvoie à :
a-L’officier instituteur
b-La leçon sur la torture
c-Le local discret ?
(Recopiez la bonne réponse)
5-Relevez du texte deux moyens de torture des algériens cités par le témoin.
6-Trouvez dans le texte deux mots et une expression renvoyant à l’idée d’ « instruction ».
7-150 élèves officiers médusés … ».
L’adjectif souligné veut dire :
a- Attentifs
b-Sans expérience
c- Étonnés ?
(Choisissez la bonne réponse).
8-On nous fait faire un sale boulot ». A qui renvoient les pronoms soulignés ?
9-L’énonciateur reconnait les crimes de guerre commis en Algérie et se sent responsable.
Relevez la phrase qui justifie cette idée.
10-Quelle est l’intention de l’auteur de ce texte ?
II/ Production écrite :
Traitez un sujet au choix
Sujet 01 :
Un forum, sur les pratiques de la torture pendant la guerre d’Algérie est lancé sur Internet. Le texte que vous venez de lire est un excellent témoignage sur ces pratiques innommables. Rédigez son compte rendu critique afin d’y apporter votre contribution.
Sujet 02 :
Certains historiens pensent que la pratique de la torture est considérée comme un crime de guerre. Rédigez un texte d’une quinzaine de lignes pour exprimer votre point de vue sur ce sujet.
Composition du premier trimestre
Texte : Torture: ce que j'ai vu en Algérie
Ma première rencontre avec la torture au cours de la guerre d'Algérie fut en quelque sorte pédagogique. J'étais alors élève officier à l'école militaire de Cherchell, au titre de l'instruction militaire obligatoire qui obligeait les élèves des grandes écoles - pour moi, l'Ecole normale supérieure - à faire leur service comme aspirants officiers, puis comme sous-lieutenants. En février 1960, nous fûmes envoyés à Arzew, petite ville côtière à l'est d'Oran, pour un stage de formation à la guérilla, au tir instinctif, aux actions commando.
C'est durant un cours sur le renseignement que l'incroyable se produisit et que l'innommable fut nommé. L'officier instructeur, un capitaine dans mon souvenir, se lança tout bonnement dans une leçon sur la torture devant quelque 150 élèves officiers médusés. Il y fallait un local discret, en sous-sol de préférence, propre à étouffer les bruits. L'équipement pouvait être sommaire : un générateur de campagne couramment appelé "gégène", l'eau courante, quelques solides gourdins. Cela suffisait. Il s'adressait à des garçons intelligents, ils comprendraient...
Ma seconde rencontre avec la torture fut infiniment plus dramatique. A quelques semaines de là, je rejoignis l'unité à laquelle j'étais affecté sur un piton éloigné de tout, dans la montagne kabyle. A l'issue du repas d'accueil, on me demanda en guise de dessert si, comme dans " les Plaideurs ", je ne voulais pas " voir donner la question ". On interrogeait une vieille femme soupçonnée d'en savoir long. Je refusai avec horreur. …Le soir, je rejoignis ma chambre, il n'y avait pas d'électricité bien sûr, je trébuchai sur une masse informe. C'était, enveloppé dans des guenilles, le corps de la vieille femme que l'on avait abandonné là. Au matin, le cadavre avait disparu.
Je reviens aux crimes de l'armée française, ceux que nous avons commis. Directement ou indirectement, ils sont l'œuvre du pouvoir politique. Quand je demandais aux appelés pourquoi cette différence de comportement, tous me répondaient : dans le premier cas, on nous fait faire un sale boulot, c'est tout. Dans le second, on veut nous couper de la nation, de nos parents, de nos amis, de nos fiancées...
Voilà pourquoi je ne demande pas le jugement des militaires, même les plus compromis. Mais je demande fermement et sans hésitation que le pouvoir politique reconnaisse solennellement que c'est la France qui est responsable, que c'est elle qui a torturé en Algérie.
Jacques Julliard, "Le Nouvel Observateur", Paris.
[Semaine d u 14 décembre 2000, n°1884].
Questions
I/ Compréhension de l’écrit : (13 points)
1-Qui parle dans ce texte ? Quel rôle joue t-il par rapport aux faits relatés. Justifiez votre réponse.
2-De quoi L’énonciateur accuse t-il les politiciens de l’époque ?
3-Complétez le tableau suivant pour confirmer la pratique de la torture :
L’époque | Dates ou Indications temporelles | Lieux | Evènements |
L’époque coloniale | - - | - - | - - |
4-L’innommable fut nommé ». Cette proposition renvoie à :
a-L’officier instituteur
b-La leçon sur la torture
c-Le local discret ?
(Recopiez la bonne réponse)
5-Relevez du texte deux moyens de torture des algériens cités par le témoin.
6-Trouvez dans le texte deux mots et une expression renvoyant à l’idée d’ « instruction ».
7-150 élèves officiers médusés … ».
L’adjectif souligné veut dire :
a- Attentifs
b-Sans expérience
c- Étonnés ?
(Choisissez la bonne réponse).
8-On nous fait faire un sale boulot ». A qui renvoient les pronoms soulignés ?
9-L’énonciateur reconnait les crimes de guerre commis en Algérie et se sent responsable.
Relevez la phrase qui justifie cette idée.
10-Quelle est l’intention de l’auteur de ce texte ?
II/ Production écrite :
Traitez un sujet au choix
Sujet 01 :
Un forum, sur les pratiques de la torture pendant la guerre d’Algérie est lancé sur Internet. Le texte que vous venez de lire est un excellent témoignage sur ces pratiques innommables. Rédigez son compte rendu critique afin d’y apporter votre contribution.
Sujet 02 :
Certains historiens pensent que la pratique de la torture est considérée comme un crime de guerre. Rédigez un texte d’une quinzaine de lignes pour exprimer votre point de vue sur ce sujet.