Écrire « SMS » ne nuit pas à l’orthographe:
La « novlangue SMS » va-t-elle envahir les bancs de l’école ? Va-t-on trouver, dans les copies des élèves, des « tu fé koi ? » (tu fais quoi ?) ou des « g croier que tu devè venir » (je croyais que tu devais venir) ? L’écriture SMS ne fait pas seulement hurler les défenseurs de la langue française. Elle inquiète aussi de nombreux parents et enseignants, qui y voient une menace sur le niveau d’orthographe des adolescents.
Pour la première fois en France, une étude, publiée mardi 18 mars par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a de quoi les rassurer. Non, le langage SMS ne nuit pas à l’orthographe traditionnelle. Ce n’est pas parce qu’un élève écrit « tu fé » dans un SMS qu’il ne sait pas que le verbe « faire », conjugué à la deuxième personne du singulier, s’écrit « fais ». Il existe un registre de l’écrit traditionnel et un registre de l’écrit SMS ; les deux sont indépendants l’un de l’autre.
Les travaux en question, réalisés par des chercheurs du Centre de recherche sur la cognition et l’apprentissage (Cerca, université de Poitiers), ont consisté à observer pendant un an des collégiens de 6e et de 5e qui ne possédaient pas de téléphones portables avant le début de l’étude. « Nous les avons équipés d’un téléphone mobile en échange de quoi ils se sont engagés à nous livrer leurs SMS tous les mois », explique Josie Bernicot, de l’équipe du Cerca. « Au total, près de 5 000 SMS ont été recueillis auprès de 19 jeunes âgés de 11 et 12 ans. »
Nouvelle occasion de pratiquer l’écrit
Les chercheurs ont scruté à la loupe les « textismes » – ces variantes dans un mot par rapport à l’orthographe traditionnelle (comme « koi » au lieu de « quoi »). Ils se sont aussi basés sur les bulletins scolaires des élèves et sur leurs résultats à une dictée standardisée. Au bout d’un an, leur conclusion est formelle : les élèves forts ou faibles en orthographe sont restés respectivement forts ou faibles, quelle que soit la densité de textismes contenus dans leurs SMS. « Les SMS n’ont pas d’influence sur l’orthographe des collégiens », résume Mme Bernicot.
En fait, c’est l’inverse qui se produit : c’est l’orthographe traditionnelle qui influe sur la pratique des SMS. Les résultats de l’étude montrent que les meilleurs élèves en orthographe déforment plus rapidement les mots ; autrement dit, ils s’emparent plus vite du langage SMS. Les élèves faibles sont plus lents à apprivoiser ce nouveau registre.
Il n’y aurait donc aucune raison de se méfier des SMS. Au contraire, selon les auteurs de cette étude, ils constituent – au même titre que les mails, les messageries instantanées, les blogs, les forums et autres facebook – une nouvelle occasion de pratiquer l’écrit, « alors que celui-ci était restreint auparavant à l’école et à quelques cartes postales ! », précise Josie Bernicot.
Alors que 85 % des jeunes âgés de 12 à 17 ans sont utilisateurs de SMS, selon une autre étude citée par le Cerca, certains enseignants tentent même d’en faire un usage pédagogique au travers du « mobile learning » (M-learning) – sorte de formation à distance délivrée sur supports mobiles (smartphones, tablettes…). Accompagner ou combattre la novlangue SMS, c’est le moment de choisir son camp !
Aurélie Collas
La « novlangue SMS » va-t-elle envahir les bancs de l’école ? Va-t-on trouver, dans les copies des élèves, des « tu fé koi ? » (tu fais quoi ?) ou des « g croier que tu devè venir » (je croyais que tu devais venir) ? L’écriture SMS ne fait pas seulement hurler les défenseurs de la langue française. Elle inquiète aussi de nombreux parents et enseignants, qui y voient une menace sur le niveau d’orthographe des adolescents.
Pour la première fois en France, une étude, publiée mardi 18 mars par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a de quoi les rassurer. Non, le langage SMS ne nuit pas à l’orthographe traditionnelle. Ce n’est pas parce qu’un élève écrit « tu fé » dans un SMS qu’il ne sait pas que le verbe « faire », conjugué à la deuxième personne du singulier, s’écrit « fais ». Il existe un registre de l’écrit traditionnel et un registre de l’écrit SMS ; les deux sont indépendants l’un de l’autre.
Les travaux en question, réalisés par des chercheurs du Centre de recherche sur la cognition et l’apprentissage (Cerca, université de Poitiers), ont consisté à observer pendant un an des collégiens de 6e et de 5e qui ne possédaient pas de téléphones portables avant le début de l’étude. « Nous les avons équipés d’un téléphone mobile en échange de quoi ils se sont engagés à nous livrer leurs SMS tous les mois », explique Josie Bernicot, de l’équipe du Cerca. « Au total, près de 5 000 SMS ont été recueillis auprès de 19 jeunes âgés de 11 et 12 ans. »
Nouvelle occasion de pratiquer l’écrit
Les chercheurs ont scruté à la loupe les « textismes » – ces variantes dans un mot par rapport à l’orthographe traditionnelle (comme « koi » au lieu de « quoi »). Ils se sont aussi basés sur les bulletins scolaires des élèves et sur leurs résultats à une dictée standardisée. Au bout d’un an, leur conclusion est formelle : les élèves forts ou faibles en orthographe sont restés respectivement forts ou faibles, quelle que soit la densité de textismes contenus dans leurs SMS. « Les SMS n’ont pas d’influence sur l’orthographe des collégiens », résume Mme Bernicot.
En fait, c’est l’inverse qui se produit : c’est l’orthographe traditionnelle qui influe sur la pratique des SMS. Les résultats de l’étude montrent que les meilleurs élèves en orthographe déforment plus rapidement les mots ; autrement dit, ils s’emparent plus vite du langage SMS. Les élèves faibles sont plus lents à apprivoiser ce nouveau registre.
Il n’y aurait donc aucune raison de se méfier des SMS. Au contraire, selon les auteurs de cette étude, ils constituent – au même titre que les mails, les messageries instantanées, les blogs, les forums et autres facebook – une nouvelle occasion de pratiquer l’écrit, « alors que celui-ci était restreint auparavant à l’école et à quelques cartes postales ! », précise Josie Bernicot.
Alors que 85 % des jeunes âgés de 12 à 17 ans sont utilisateurs de SMS, selon une autre étude citée par le Cerca, certains enseignants tentent même d’en faire un usage pédagogique au travers du « mobile learning » (M-learning) – sorte de formation à distance délivrée sur supports mobiles (smartphones, tablettes…). Accompagner ou combattre la novlangue SMS, c’est le moment de choisir son camp !
Aurélie Collas