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    Message par sellami kamel Mer 16 Avr 2014 - 21:14

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    J'ouvre le bal avec une romancière algérienne :Taous Amrouche...



    Née à Tunis en 1913, Taous Amrouche est la première romancière algérienne de langue française. Elle était à la fois la sœur de l'écrivain Jean Amrouche, mais également l'amie de Gide et de Giono.

    Dans ses quatre romans fortement autobiographiques, elle analyse son déracinement, l'exil, la solitude et exprime le besoin d'émancipation des femmes étouffées par la tradition. Taos Amrouche est morte en 1976. Solitude ma mère, son dernier roman, est resté inédit jusqu'en 1995, date à laquelle il a été édité aux Éditions Joëlle Losfeld.

    Extrait du livre :

    Maintenant, je le sais, je n'irai jamais à Sanchanteur. Luc est pour moi comme mort, plus mort même que s'il était mort de sa vraie mort. Car, mort de sa belle mort, foudroyé comme un arbre, je continuerais à le parer de tous les mérites et à vouloir le rejoindre, fût-ce en rêve... Autrefois, quand un coup me frappait, mon réflexe était d'appeler. Aujourd'hui, il n'y a personne. Je creuse la tranchée de ma solitude, je la creuse avec une application de démente : à quarante ans - et sans qu'un être au monde puisse le comprendre - je suis aussi démunie devant la vie qu'un enfant dans son berceau.
    Il était celui qui devait faire de moi une femme, pour que s'épanouît enfin ce bouton aux pétales si étroitement serrés qu'on le dirait de pierre. Car si j'ai connu la déchirure de l'enfantement, je ne suis pas une femme. Des hommes de tous âges et de diverses races ont eu beau m'approcher pour me prendre de force, quand je n'avais pas assez d'indifférence ou de dégoût pour être passive, je ne suis pas une femme pour autant. Une femme est douce, lisse, consentante, et je suis, moi, le fruit qui s'est refusé à mûrir, le fruit vert à l'âge où l'on ne devrait être que succulence.
    Que s'est-il passé ? Rien... ou si peu, en apparence. Hier encore, mon coeur était comme un brasier. Dans la rue, je m'étonnais que les passants transis ne s'en approchent pas. Aujourd'hui, je creuse ma tranchée, je la creuse en avalant mes larmes, sans relever la tête.
    Serais-je tombée dans le piège si Luc n'était venu m'apporter, à la clinique, une brassée d'aubépine ? Y serais-je tombée, si, dans la pâleur de sa face, il n'y avait eu ce regard d'une inquiétante profondeur ? Mais je ne savais pas alors que sa bouche si fière pût trembler... J'ai cru que ses bras seraient le nid auquel j'aspirais depuis toujours, ce nid qu'en chaque homme j'ai obstinément cherché.
    Luc est vivant. Luc peut ouvrir la porte, et il est pour moi comme mort, parce que je ne pourrai jamais ni le rétablir sur son trône ni surtout lui pardonner de m'avoir méconnue.



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       TENDRESSE  PATERNELLE .
     
     
    Le père Ramdane réussissait avec beaucoup de vigilance à assurer à la maisonnée le maigre couscous quotidien. Lorsque les travaux était momentanément arrêtés, il se faisait manœuvre et aidait comme journalier deux maçons qui construisaient pour les riches.  
    Quand on a bâti au village le premier moulin à presse hydraulique, puits et pompe, mon père y a travaillé vingt-deux jours. Ces journées m’ont laissé aussi leur souvenir.  

    Les travaux avaient débuté au mois de juin, je crois. Nous étions encore à l’école. Le chantier se trouvait juste en face de chez nous, à une centaine de mètres. Il y avait là, en même temps que  mon père, notre cousin Kaci le père de Said et Arab, le père d’Achour, un camarade d’école!  

    Dès le premier jour, à onze heures, Said nous propose d’aller voir nos parents ; nous acquiesçons, Achour et moi. Nous avons compris à demi-mot ce que veut dire Said. N’est-ce pas à onze heures que le patron fait arrêter le travail pour le déjeuner.  

    Nous tombons sur eux, avec une louable exactitude, au même moment que les plats. Nos pères respectifs sont vivement contrariés. Mais le patron est généreux. Il nous ordonne de nous asseoir et nous mangeons, la tête basse. Nous mangeons quand même. D’abord une bonne soupe avec des pommes de terre, et nous recevons chacun un gros morceau de galette levée ; puis du couscous blanc de semoule, avec de la viande. Devant de telles richesses, la joie prend le pas sur la honte  du début. Dès que nos estomacs sont pleins, nous nous sauvons. Le front ruisselant de sueur, sans remercier personne, emportant dans nos mains ce qui nous reste de viande et de galette.  

    Le soir, ainsi que je m’y attendais, mon père n’était pas content de moi. Il n’insista pas beaucoup pour ne pas me faire de peine et me promit de m’apporter chaque soir la plus grande partie de ce que lui reviendrait de ces fameux repas. J’étais sûr de   moi en décidant de ne plus jamais aller le voir au chantier. Il a tenu sa promesse et je n’ai pas tenu la mienne.  

    Deux jours après, pendant la récréation, Said n’y tenant plus m’accosta et, sans préambule, se mit à me parler de la soupe.  

    Il me travailla  pendant toute la récréation. A onze heures, il se faufila jusqu’à moi dans la mêlée d’élèves et ne me quitta pas d’une semelle.  

    […] Nous arrivons au carrefour. Je m’arrête. Instinctivement je regarde du côté du pressoir. Said a déjà fait le même geste que moi. Il tourne la tête, nos regards se rencontrent, se comprennent, il me prend la main et nous courons comme des fous vers les ouvriers. Nous ne prenons conscience qu’à dix mètres du chantier. Terrifiés de notre audace, nous essayons de nous cacher derrière une meule de paille. Trop tard ! Ils nous ont vus. Le père Kaci nous interpelle avec colère et nous crie de faire demi-tour. Said part comme une flèche en direction de la maison. Mon père quitte son travail, se dirige calmement vers moi, me dit de ne pas bouger. Je reste planté là, plein de honte. Il me rejoint, me pose sa grosse main toute sale de mortier sur la tête et me dit :  

    -Laisse-le partir. Vas à côté du père Kaci, tu mangeras à ma place. Je monte à la maison pour me reposer un peu. Aujourd’hui, je n’ai pas faim.  

    Ce repas, sous l’œil dédaigneux des hommes, fut un supplice pour moi. Kaci et Arab se moquaient de ceux qui ne savaient pas élever leurs enfants. L’allusion était directe, je rougissais et je pâlissais. Je me disais, pour diminuer ma faute, que mon père n’avait pas faim. Mais je du me tromper car, en rentrant à la maison, je lui trouvai entre les mains, mon petit plat en terre cuite, orné de triangles noirs et rouges. Il achevait de manger mon couscous noir. Ce jour-là, il retourna au travail le ventre à moitié vide, mais il grava, une fois pour toute, dans le cœur de son fils, la mesure de sa tendresse.  

    De Mouloud FERAOUN (Le fils du pauvre) 


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    Lettre de rupture ...

    Alfred de Musset à George Sand : (Venise, 27 mars 1834.)

    Quelle que soit ta haine ou ton indifférence pour moi, si le baiser d’adieu que je t’ai donné aujourd’hui est le dernier de ma vie, il faut que tu saches qu’au premier pas que j’ai fait dehors avec la pensée que je t’avais perdue pour toujours, j’ai senti que j’avais mérité de te perdre, et que rien n’est trop dur pour moi. S’il t’importe peu de savoir si ton souvenir me reste ou non, il m’importe à moi, aujourd’hui, que ton spectre s’efface déjà et s’éloigne devant moi, de te dire que rien d’impur ne restera dans le sillon de ma vie où tu as passé, et que celui qui n’a pas su t’honorer quand il te possédait, peut encore y voir clair à travers ses larmes, et t’honorer dans son cœur, où ton image ne mourra jamais – adieu mon enfant


    Fadéla M'rabet,l'écrivain(e) singulier(e)...

    « Un magnifique exemple de réalisation personnelle »

    Sa grand-mère est le personnage central de son livre Une Enfance singulière.

    Elle écrit : « Djedda m’insuffla le courage de me libérer.
    Veuve très jeune, elle n’a jamais voulu donner de beau-père à ses enfants. Du moins, c’est ce qu’elle disait. En tout cas, il nous était impossible d’imaginer cette force de la nature encombrée d’un mari.
    A ses côtés, il n’aurait été qu’un adversaire ou un nain. » (...) « Elle m’a donné un magnifique exemple de réalisation personnelle par l’activité sociale qui fut la sienne - la plus respectée de son époque : faire venir au monde des enfants. Non pas biologiquement, ce qui est à la portée de toute femme, mais par un savoir et un savoir-faire qui faisaient d’elle une grande prêtresse, une déesse de la maternité et de la vie. (...) Et moi qui ai vécu dans le milieu médical hiérarchisé, je peux dire que Djedda a eu plus de prestige qu’un mandarin de la faculté de médecine de Paris, parce que son travail était au service de la communauté, il était gratuit et désintéressé. » ... « C’est certainement la liberté d’esprit de Djedda qui m’a également permis d’assimiler deux cultures sans déchirements : je ne me suis jamais sentie écartelée entre deux mondes. » « Toute culture authentique est universelle. »

    Elle nous raconte comment l’idée de ce livre lui est venue.
    En 1989, elle reçoit une invitation de féministes américaines qui voulaient l’inviter à un congrès international à Montréal et elles lui ont demandé de leur faire un exposé sur Simone de Beauvoir et le féminisme français.
    « J’ai répondu que malgré toute l’admiration que j’avais pour elle, Simone de Beauvoir n’était pas mon modèle féministe. J’ai proposé Djedda ma mémoire. Elles ont accepté. »
    Cette communication a débouché sur le livre Une enfance singulière... en Algérie.

      La date/heure actuelle est Mar 19 Mar 2024 - 3:35